Emmanuel Macron inaugure enfin la première ferme éolienne en mer française - Larney et Fils
Le parc éolien en mer construit au large de Saint-Nazaire par EDF entrera en service en fin d'année. D'autres parcs doivent suivre et marquer une accélération de la filière en France après dix ans de traversée du désert.
La France aura peu de centrales nucléaires pour produire de l'électricité cet hiver, mais elle pourra compter pour la première fois sur… ses éoliennes en mer. Inauguré en grande pompe ce jeudi par Emmanuel Macron, le premier parc éolien offshore français développé par EDF à quelques kilomètres des côtes de Saint-Nazaire doit être officiellement branché au réseau en fin d'année. En vitesse de croisière, ses 80 éoliennes d'une puissance de 480 MW, seront capables de répondre à 20 % des besoins en électricité de la Loire-Atlantique.
« C'est une étape essentielle du chemin tracé par Emmanuel Macron pour atteindre la neutralité carbone en 2050 et reprendre en main notre destin électrique », se félicite-t-on à l'Elysée. Venu célébrer le mariage entre les turbines Arabelle de General Electric et EDF en février à Belfort, le président avait détaillé un plan de transition énergétique fondé sur trois piliers : la baisse de la consommation finale, l'accélération dans l'énergie solaire et dans l'éolien en mer et la relance du nucléaire.
Pour l'éolien en mer français, cette inauguration marque la fin d'une très longue traversée du désert. Lancé en 2008 pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy et attribué à EDF en 2012, ce projet aura mis plus de dix ans à voir le jour. Les nombreux recours contentieux, les difficultés administratives ou encore les allers-retours de l'Etat sur ses propres contrats devenus trop chers compte tenu des retards… ont, pendant ces dix années, relégué la France à la traîne de l'Europe. Elle est l'une des rares grandes puissances qui ne compte pas encore de parc éolien en activité au large de ses côtes.
Un retard en partie comblé
Ce retard devrait être en partie comblé dans les années à venir. Car après Saint-Nazaire un véritable appel d'air est attendu dans l'éolien en mer en France avec l'achèvement successif de plusieurs chantiers. Les parcs éoliens de Fécamp et de Courseulles-sur-Mer, également développés par EDF, doivent être branchés au réseau respectivement fin 2023 et fin 2024. Celui de Saint-Brieuc, porté par l'espagnol Iberdrola, prévoit de produire de l'électricité fin 2023.
Et compte tenu des autres chantiers confiés à Engie au Tréport et à Noirmoutier et à EDF à Dunkerque, la France devrait afficher une puissance installée dans l'éolien en mer de 3,6 GW en 2028. Soit l'équivalent de deux fois la puissance de la centrale nucléaire de Fessenheim, (à la réserve près que les éoliennes ne produisent que lorsque le vent souffle).
Outre le symbole, c'est une très bonne nouvelle pour le réseau électrique français qui sera plombé au moins jusqu'en 2024 par la faiblesse du nucléaire d'EDF. Plus puissantes et moins intermittentes que les éoliennes terrestres, les éoliennes en mer seront d'un précieux secours pour renforcer les marges du réseau électrique hexagonal qui aujourd'hui compte largement sur la production importée pour maintenir le courant.
Avec ses 3,6 GW d'ici à 2028, la France risque toutefois de rester à la traîne de l'Europe. A fin 2020, le Royaume-Uni affichait déjà 10 GW de capacités installées en mer, contre 7,7 GW en l'Allemagne et 2,6 GW aux Pays-Bas.
« La bonne nouvelle c'est que la France a déjà lancé ou annoncé des appels d'offres pour les années à venir qui devraient nous assurer une capacité de production éolienne en mer de 8 GW d'ici à 2032 », tempère Emmanuel Rollin, le directeur France d'Iberdrola.
Planification
Mais la suite du programme reste très floue et nourrit les inquiétudes des industriels. Si Emmanuel Macron a promis à Belfort de construire 50 parcs éoliens en mer au large des côtes françaises d'ici à 2050, soit 40 GW, l'Etat n'a pas encore dit où ces 32 GW supplémentaires pourront s'installer ni quand.
« Il faut une planification de long terme globale. C'est nécessaire pour éviter les goulets d'étranglements sur la chaîne d'approvisionnement et permettre aux industriels d'investir », plaide Sergio Val, directeur énergies renouvelables d'Engie en Europe. Le sujet est essentiel en France où General Electric et Siemens Gamesa ont localisé plusieurs sites de production dédiés à l'éolien en mer.
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